vendredi 28 novembre 2014

Réverbères - 2012

Hey folks !

Hoho voici un sacré bond dans le temps me direz-vous ! Ou pas, puisque vous ne dites rien !
Ne s'est-il rien passé entre 2008 et 2012 ? Et bien pas grand chose à vrai dire.

Des débuts de "romans" ou de longues nouvelles : "L'éveil d'une fin", "Breizh Zombies".
Je les ai un peu vite laissé en plan, mais à dire vrai, j'y réfléchis à nouveau ces temps-ci. Sur un autre, tout frais aussi, nommé "Tim, l'odyssée d'un enfant pas comme les autres", en cours de réflexion/écriture.
Avec ceux-là, j'essaye de réaliser quelque chose de plus ou moins long et de travaillé. Ce qui s'avère beaucoup plus difficile pour moi, n'ayant aucune formation littéraire.

Enfin bref, le texte qui nous intéresse aujourd'hui, je l'ai écrit pour un webzine, le bien nommé Néant Progressif. Un webzine barré à lire absolument. Ce texte est paru dans le n°5, dont le thème était...Les réverbères !

Voilà, tout est dit ! N'hésitez pas à donner votre avis, ou votre numéro de carte bancaire, cela fait toujours plaisir !





Réverbères


Un titre somme toute simple et inoffensif, n'est-il pas, Chers Lecteurs ? 

Les réverbères, ces longs tubes de métal froid, qui réchauffent quelque-peu notre esprit par les nuits les plus noires, en déversant avec plus ou moins de délicatesse leur lumière blafarde le long de notre route. Ils sont les balises salvatrices de nos nuits, qui nous guident vers un chez-soi sécuritaire. 

Depuis plus de deux cents ans, on vit avec eux, se sentant plus protégés dès que l'on baigne dans leur lumière.
Et si l'on se trompait ? L'erreur n'est-elle pas l'apanage de l'Homme ? 
À dire vrai, la naïveté aussi lui sied à merveille. 
Si ces lampadaires, qui nous dédaignent de toute leur hauteur, ne nous guidaient pas vers le salut, mais plutôt vers l'inverse ? 
Leur lumière est bien plus sombre qu'elle n'y parait... 

Laissez-moi, mes amis, vous conter une petite histoire courte, qui se résume plutôt à une fin et qui pourrait vous faire changer d'avis envers nos chers réverbères, et ainsi vous faire préférer la froide obscurité de la nuit.

Cette petite mésaventure se passe quelque part, qui pourrait être partout et nulle part à la fois... Ou bien peut être ailleurs... Une rue près de chez vous, oui... 
C'est l'histoire d'un jeune homme sans histoires, justement. Une sorte de « monsieur tout le monde », plutôt honnête de nature, sans grands défauts ni qualités extraordinaires. Il ne sort pas du lot, il entre dans le moule, se fond parfaitement dans la masse. En bref, il peut être vous, ou bien vous, et même toi là au fond, qui te caches. 
Ce jeune homme anonyme menait une vie tout ce qu'il y a de plus banale et tranquille. Pourquoi devrait-il lui arriver quoi que ce soit d'étrange ? De... De surnaturel ?

Et pourtant... 

C'est par une froide soirée hivernale que notre nouvel ami éphémère quittait son travail, comme tous les jours de la semaine. Évidemment à cette époque de l'année, le soleil est déjà couché, ou levé, tout dépend de quel côté de la sphère terrestre l'on se trouve. Il s'avère que lui se trouvait du mauvais côté. Celui où les ombres s'allongent progressivement, jusqu'à recouvrir tout le paysage et en absorber les détails. 
Comme beaucoup de villes actuellement, toutes les rues n'étaient pas éclairées la nuit, pour diverses raisons écolo-écono-sécuritaires, sur lesquelles on passera. 

À moins que... 

Que ce soit pour d'autres raisons... 

Notre camarade passait donc principalement par les rues encore illuminées, et cela, même si son itinéraire s'en trouvait quelque peu allongé, pour se sentir en sécurité dans le halo lumineux des lampadaires, comme beaucoup. Ceci dit, notez qu'il est bien plus aisé de poignarder un honnête (ou non, c'est selon) passant, sous la lumière des réverbères, où l'on voit au moins dans quoi on plante notre lame. Mais là n'est pas le sujet. 

Il arrivait donc à proximité de la rue principale, une longue rue rectiligne comme on en connaît tous, lorsque, soudainement dans un bref claquement, toutes les lumières, exceptées celles de la grande rue qu'il apercevait au loin, s'éteignirent sans crier gare (ce qui, soit dit en passant, aurait été bien plus inquiétant)!
Il se dirigea donc prestement vers la rue principale, tel un papillon de nuit, attiré par l'unique éclairage de la ville. Par chance, une fois cette avenue passée, il ne lui restait qu'une centaine de mètres après le virage du bout de la rue pour arriver chez lui. Mais pour le moment, il pénétrait seulement le boulevard. 

L'endroit était totalement désert et le silence y était oppressant. Une fois qu'il eut parcouru une trentaine de mètres, les deux premiers lampadaires qui bordaient la rue s'éteignirent en claquant. Notre homme se retourna, l'air un peu inquiet, puis reprit son chemin d'un pas rapide. 

Clac ! 

Firent les deux suivants, en noyant un peu plus la rue dans le noir. Il accéléra encore, sans se retourner. 

Clac ! 

De nouveau. Il sentit l'adrénaline monter et se mit à marcher comme il n'avait jamais marché. 

Clac !

Il décida enfin que courir pouvait s’avérer judicieux... 

Clac ! ....

Courir vite même... 

Clac ! ...........

Clac ! ........
Clac ! ...
Clac ! Clac ! 

Les claquements étaient de plus en plus rapprochés les uns des autres... Ainsi que de lui... 

Courir... 
Courir... 

Il sentait presque ses glandes surrénales vomir un flot continu d'hormones aux noms compliqués... Les ténèbres se rapprochaient encore... 

Plus vite... 

Il haletait, transpirait, mais continuait de foncer droit ! L'avenue faisait une centaine de mètres et pourtant, il lui semblait en avoir parcouru bien plus, beaucoup plus... Le virage après lequel il pourrait apercevoir sa maison paraissait s'éloigner... Malgré tout, il finit par parvenir presque au but, les claquements le talonnaient maintenant, il sentait ses oreilles vibrer à chaque réverbère s'éteignant... 

Trente mètres...
Vingt mètres…
Dix mètres...
Cinq mètres...
Un mètre ! Le virage était là !

Seulement, personne ne déboula en trombe et en nage à la sortie du virage. Personne n'était non plus dans la rue. Seuls quelques pas résonnèrent dans le vide puis, dans le silence le plus total, toutes les lumières de la ville se rallumèrent. 

Le jeune homme ne rentra jamais chez lui. Personne ne le chercha, personne ne le réclama. Quelqu'un s'en souvenait-il seulement ?

Si La Fontaine devait donner une morale à cette histoire, il dirait probablement « Rien ne sert de courir, point. » 
On fait bien souvent la distinction manichéenne entre lumière et ténèbres, ce que j'en dis, c'est que les insectes attirés, hypnotisés, par la lumière finissent bien souvent grillés ou écrasés. 

Chers Lecteurs, vous y réfléchirez peut-être à deux fois désormais, dans le choix de vos rues en sortant à la nuit tombée... 
Mais en attendant, vous pouvez éteindre la lumière et dormir à poings fermés...





Frog

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