jeudi 4 décembre 2014

Le mouchoir en papier - 2014

Hola hola !

Oui, vous avez bien lu "2014" ! En effet, ceci est le tout dernier texte de la série "Un mot, une histoire" que j'ai écrit il y a peu. Pour tout vous dire, l'idée m'est venue en voyant une boite de mouchoirs vide à côté de ma compagne qui se reposait. L'histoire s'est imposée d'elle même et je l'ai rédigée sur mon smartphone pendant que ma compagne dormait.

Comme quoi, il n'y a ni heure, ni lieu, ni moyen prédéfini pour l'inspiration.

En vous souhaitant bonne lecture.





Le mouchoir en papier


Bonjour, chers lecteurs. Cela faisait longtemps que l'on ne s'était pas vu n'est-ce pas. 

Aujourd'hui, je vais vous conter une histoire toute bête, qui pourrait encore arriver à n'importe qui. Oui à vous aussi... 
Et pour cause, le cas qui nous intéresse cette fois-ci est encore un homme moyen. Un monsieur tout le monde. Peu importe son identité, car elle a vite été oubliée. Mais appelons-le Georges, pour la forme. 

C'est par un beau samedi après-midi que notre ami Georges se baladait innocemment dans les rues de la grande ville. Flânant entre les boutiques, cherchant comment dépenser son salaire durement acquis. Georges avait attrapé un petit rhume. Oh, rien de méchant, ça se serait dissipé au bout d'un jour ou deux. 
Seulement, voilà, son nez commençait à couler. Il fouilla ses poches en reniflant, rien. Ses sacs, rien. Point de mouchoir salvateur. Il avait beau renifler, il ne pourrait pas retenir le flot d'évacuation nasale bien longtemps. Il regarda autour de lui, l'air penaud. Soudain, un homme s'approcha de lui. Il était très classement habillé, costume noir, cravate grise, chaussures en cuir lustré... Peut-être un homme d'affaires, ou quelque chose dans le genre, se dit l'ami Georges. L'inconnu s'arrêta devant lui, puis avec un grand sourire amical lui tendit un mouchoir en papier : 

"Tenez.". 

Georges ne put refuser évidemment, il remercia vivement le bon samaritain et se moucha enfin, aussi fort qu'il put. Lorsqu'il releva la tête, l'homme avait disparu. Content d'avoir été sauvé du drame, Georges se dit qu'il était temps de rentrer, car l'heure du souper approchait. 

Une fois chez lui, il rangea ses achats et mit les légumes fraîchement achetés à cuire pour son potage du soir, avec diverses épices et sa touche personnelle. 

"Ce sera un très bon potage, j'en suis sûr", se dit Georges.

Il se sentait un peu fatigué, rien de plus normal après un après-midi shopping dans la grande ville. Des heures de marche dans la foule bruyante. Mais plus les minutes passaient et plus la fatigue l'assaillait. 
Notre pauvre homme se sentait de plus en plus faible. 
Ses membres s'alourdirent. Sentant que quelque chose n'allait vraiment pas, il se traîna au téléphone dans l'espoir d'appeler les urgences. Il décrocha le combiné, mais aucune tonalité ne résonnait.
Il se dirigea vers l'entrée. Les voisins l'aideraient sûrement, ils étaient gentils les voisins. 

Soudain, il s'arrêta. Une silhouette se tenait devant la porte. En plissant les yeux, il reconnut ce costume tiré à quatre épingles, il s'agissait du gentil inconnu au mouchoir de l'après-midi. 
Georges vit qu'il souriait toujours, de son grand sourire plein de dents parfaitement blanches et alignées, la tête légèrement penchée. 
Mais la lueur dans ses yeux était différente... 
L'expression de ce visage, si amical quelques heures auparavant, n'avait plus rien d'avenant. 
Georges, pris de panique, voulut dire quelque chose, hurler, mais aucun son ne sortit de sa bouche.

 Ses forces le quittaient de plus en plus. Ses jambes se dérobèrent brusquement sous lui. Il sentit le parquet heurter son dos.
Le plafond était flou, puis devint noir.
Il parvint à rouvrir les yeux, légèrement. Le visage de l'homme au mouchoir se tenait juste au-dessus du sien, à quelques centimètres à peine, la même expression figée dessus.
Une vague de terreur inouïe envahit Georges.
La peur, la peur à l'état brut, ce fut son ultime sentiment.
Le noir s'installa définitivement dans le monde de l'aimable Georges qui n'avait qu'un simple petit rhume.

Les gentils voisins ne revirent jamais Georges.

Le plus triste dans l'histoire, c'est que l'on ne sut jamais si le potage que Georges avait préparé était bon.

Alors mes amis, qu'en dites-vous ? Oublierez-vous encore de prendre des mouchoirs sur vous lorsque vous sortirez ? 

Si vous n'en avez pas, je peux vous en offrir un... A vos risques et périls...




Frog